Une vision européenne du monde
Le 24 ème festival du court de Brest a fermé ses portes. Les prix ont été décernés, le rendez-vous pour la 25 ème édition a été pris, sur un fond d'incertitudes budgétaires et d'interrogations de politique culturelle, sujets largement abordés lors des interventions par les représentants et élus de la municipalité de Brest, du Conseil Général du Finistère et du Conseil Régional.
Le public a répondu présent encore cette année, cette affluence a impressionné le jury professionnel. Les chiffres de la fréquentation sont supérieurs à ceux de l'année dernière qui étaient de plus de 44 000 entrées. Le festival de Brest c'est 1441 films inscrits, 200 courts métrages sélectionnés, 24 pays représentés…
Pour ma deuxième expérience, j'ai été agréablement surpris par la qualité des films présentés en compétition et hors compétition : le jeune cinéma polonais vif et intelligent, les anglais parlent de sujets de société engagés, forcement pas drôles, quant aux courts de l'Europe du nord, ils se tournent vers un humour « IKEA » décalé, forcement drôle et décapant…
Le jury des passeurs de courts et de Ciné-Phare, a été, je l'espère, à la hauteur de sa tâche. Nous avons pris tous un grand plaisir à cet exercice. Nos goûts cinématographiques sont assez proches, et tournés vers le souci de faire connaître plus encore le film court au public. Les délibérations pour l'attribution du prix ont mis clairement ces éléments en relief. Le jury « professionnel » a quant à lui jugé sur des critères techniques, d'écriture, de maturité du scénario… Nous avions envie de porter un coup de projecteur sur un réalisateur qui amène des idées fortes et un projet original, même si les indicateurs pointés par les « pros » ne sont pas tous réunis.
Waramtsého! (Bonjour), un court franco camerounais de 26 minutes réalisé par Auguste Bernard Kouemo Yanghu. "Le film a un ancrage dans le génocide rwandais, mais il est d'abord une histoire d'amitié, de relation entre humains. Le film aurait pu s'inspirer du conflit en Palestine, ou entre musulmans et chrétiens. Je voulais travailler sur un sujet qui a été biaisé par toutes les autres oeuvres que j'ai regardées. La gravité de ce qui s'est passé méritait que je l'aborde sous cet angle de la tolérance..."
Olivier Bitoun, le coordinateur Ciné-Phare est, me semble t-il, pas mécontent de notre choix. En effet, sa diffusion sur les écrans ne sera pas empêchée par le problème du sous titrage (coût important), d'autre part le film primé pourra être accompagné plus facilement par son auteur dans les salles du département. L'autre idée évoquée est le suivi du réalisateur.
Eduardo Chapero-Jackson (pour qui nous avons une tendresse particulière) primé 2 fois par les passeurs de courts, a présenté cette année en compétition son dernier film : The end. On a été tous un peu déçus, nous n'avons peut-être pas retrouvé le caractère intimiste qu'on lui connaissait, mais la maîtrise se fait sentir à tous les étages du film et l'œuvre prend manifestement de l'ampleur. Son film traité en cinémascope a comme idée directrice le problème de l'eau, et se situe entre Mad Max et le western spaghetti… il n'était pas présent cette année à Brest, il travaille en ce moment sur son premier long métrage. Affaire à suivre.
Mardi, surprise, la première personne que je rencontre, juste avant de rentrer pour assister au visionnage de la première compétition est Cheng-Chui Kuo qui est venu pour « le plaisir » au festival de Brest. Cheng-Chui Kuo a remporté en 2008 le grand Prix de la ville de Brest. Il est venu tout spécialement à Quimperlé, en septembre dernier, présenter son film Séance familiale à la soirée courts métrages. Nous nous sommes revus régulièrement tout au long de la semaine. C'était très intéressant de confronter nos points de vue après les projections, le sien forcément plus « chirurgical » et technique, m'expliquant le pourquoi et le comment d'un plan qui fait la force d'un film ou au contraire qui le ruine, car mal maîtrisé, ou alors, le débat se situait sur un registre beaucoup plus personnel. Cheng-Chui Kuo m'a demandé de transmettre « son bonjour » à l'équipe Chloro (il en garde un excellent souvenir) et il ne manquera pas de nous tenir au fait de son parcours.
Voilà en résumé la semaine que j'ai vécue à Brest. J'ai vu plus d'une centaine de films, et je vais établir une liste pour partager avec les spectateurs des séances Chloro ces petites merveilles d'inventions et d'émotions.
Ici Brest à vous Chloro.
Thierry.
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